Docteur Réginald Boulos, a récemment prôné sur les ondes de plusieurs stations de radio du pays, y compris Radio Génération 80 (RG80) à Port-de-Paix, « une troisième voie », qui verra, selon lui, une « Hayti prospère et moderne, un arc-en-ciel d’harmonie dans la diversité où personne n’est exclue, où la loi est une pour tous, où la corruption est combattue sévèrement, où la compétence est respectée et exigée, où la mendicité est bonne comme mode de vie, où nos rues sont propres, où nos écoles et hôpitaux sont bien équipés et disposent de personnes bien formées et efficaces. »

Le docteur Boulos, un conspirateur du silence et un faiseur de présidents depuis des lustres, a souhaité dans le cadre de son projet d’une nouvelle Hayti « Le rejet de la violence et du statu quo et la construction urgente mais méthodique d’une 3e voie capable de rassembler le petit reste ». « L’Hayti que nous voulons construire aussi, a-t-il poursuivi, ne sera plus une Hayti d’ONG ou d’œuvres charitables mais une Hayti de prospérité grâce au rude labeur de ses filles et fils, de l’exploitation méthodique rationnelle et supervisée de nos ressources naturelles et minières. »

Le PDG du journal Le Novateur a demandé d’un ton ironique : Quelle mouche a piqué Réginald Boulos, jouisseur et profiteur du système d’apartheid économique et politique établi depuis l’assassinat de papa Dessalines pour vouloir y mettre fin. Faudrait-il penser plutôt à faire un mea culpa au lieu de continuer à  rêver d’être « le seul maitre et décideur du pays…pour continuer méchamment à organiser le malheur du peuple haytien…» (Jacques Sauveur Jean, 2018)

Moins d’un mois après, dans sa lettre ouverte à la nation après l’insurrection quasi-générale qui a duré plus d’une semaine, le même Boulos vient de faire une palinodie en déclarant que : « Le temps est mûr pour mettre à bas ce système inique, foncièrement criminel, et engager une révolution tranquille qui refondera la nation sur de nouvelles bases faites de justice sociale, d’éthique citoyenne et républicaine. Une nouvelle République édifiée à partir des idées de lumières, de progrès et d’humanisme. Sinon, nous périrons tous comme d’inutiles insensés, de vulgaires profiteurs, de vilains rentiers, et d’ensembles prébendiers antinationaux. »

Prend-t-il les bossales et leurs descendants pour des canards sauvages ou pense-t-il qu’ils souffrent d’amnésie sélective ? La troisième voie qui visait l’éradication du statu quo ante est vite remplacée par une « révolution tranquille ». Pourquoi ce « coquin, requin, faquin » n’avait-il pas pensé à cette « révolution tranquille » en 2003-04 lorsque lui, ses pairs levantins et une frange de mulâtres créoles complotaient avec la classe politique hétéroclite, moribonde, impopulaire et opportuniste pour renverser Jean Bertrand Aristide pour des privilèges et des franchises douanières.

Refusant cette fois-ci l’intrusion ou l’ingérence de Washington et de Paris dans nos affaires internes alors qu’il était l’un des principaux acteurs de l’invasion étrangère en 2004 contre son pays, il invite finalement tous les secteurs de la vie nationale au dialogue tout en référant à la souffrance de la population. « La solution à nos maux ne viendra pas du dehors, poursuit-il, dans sa lettre à la nation. Il est urgent que des femmes et des hommes de bonne foi de la vie nationale se portent volontaires pour une médiation entre les différents secteurs antagoniques de la crise politique. Le dialogue multisectoriel s’impose comme une nécessité incontournable dans le contexte actuel de violentes agitations sociales et de forte polarisation politique…Le peuple a trop souffert de l’incivisme de ses élites, de l’impréparation et de l’aveuglement de nos politiques ».

M Boulos, ignore-t-il ou fait-il semblant ne pas comprendre le cri de cœur de la population en rébellion et en colère contre la cherté de la vie, la faim chronique, la misère, la pauvreté, le chômage, etc. ? Elle plaide pour la démission du président Jovenel Moise, le renvoi du Parlement et l’éradication du système d’apartheid économique et politique. Comment M. Boulos peut-il exhorter  le président Moise qui est devenu illégitime, discrédité et immoral, à conduire un tel dialogue ? « Le chef de l’État doit tout entreprendre pour que le dialogue national se tienne dans les meilleurs délais dans l’honnêteté et avec civilité, ce, dans le respect des valeurs de liberté, de dignité et de fierté qui caractérisent notre nation ».

En somme, M Boulos croit-il que « L’avenir est aux Haytiens patriotes qui disent non à la violence, à la déchéance sociale et économique de leur pays, et qui embrassent les valeurs de modernité, de prospérité, de paix, de justice et de réconciliation pour l’avènement de la Nouvelle Hayti ». Quelle prétention ! Quel irrespect pour les bossales et leurs descendants ! C’est le leader maximo de Cuba qui disait, M Boulos, que : « Si dans ton pays, tu n’as pas accès à l’éducation, la justice et la culture, tu as le droit de te rebeller ». Le bon peuple Haytien se réveille finalement, M Boulos, de son coma léthargique et exige des classes politique et possédante un changement de paradigme, un changement de système, où s’insurge le juge d’instruction Jean Senat Fleury « les droits inhérents de la personne humaine seront respectés : droit à la vie, à la sécurité sociale, à la santé, à l’alimentation, à l’éducation, au travail…Bref, le droit d’être « moun ». Le docteur Jean L. Théagène ne rappelle-t-il pas à qui veut l’entendre, M Boulos, que : « Quand la cour du mouton est sale ce n’est pas au cochon de le dire ». 

  Fini le colmatage, M Boulos ! Plus de démocratie occidentale au profit de cette minorité « zwit, zwit » mais une démocratie à l’haytienne et avec la participation de toutes et de tous pour mettre fin à cette injustice sociale. Le citoyen Joseph Vivens Day a fait un constat, navrant certes, mais véridique. Il peint un tableau sombre de notre terroir : « Aux abords d’une catastrophe politique, d’un cauchemar humanitaire et d’une décadence socioéconomique. Le tout gravite lentement autour d’un affreux précipice semblable à un trou noir prêt à tout avaler, vainqueurs et vaincus ! » Dr. Boulos, n’avez-vous pas participé à tout ça ? La table rase est « la voie de la raison résonnante » et c’est le vœu de la population haytienne. F. Jean-Charles

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