Pris entre le marteau et l’enclume après les émeutes déstabilisantes et traumatisantes des 6, 7 et 8 juillet 2018 derniers, le président Jovenel Moise lança les États Généraux sectoriels, initiative mort-née, qui ont accouché d’une souris. Ces événements revendicatifs et monstrueux ont aussi forcé le président à nommer un nouveau Premier Ministre, malgré lui, le notaire Jean Henri Céant qui a survécu à la manifestation du 17 octobre et à celle du 18 novembre des PetroChallengers réclamant le procès de Petro Caribe, soit une somme faramineuse de $4 milliards 257 millions, selon le rapport de la Cour Supérieure des Comptes et du Contentieux Administratif (CSCA), galvaudés par les tenants du pouvoir en Hayti au cours de la période allant de 2008 à 2018. Quel crime odieux contre un pays dont la majeure partie de sa population se bat infatigablement et quotidiennement contre l’exclusion et l’injustice sociales, la vie de misère, la faim et l’insécurité !

https://i.pinimg.com/originals/e7/d0/22/e7d0222cef2b31fa2df0eaf2b0a68510.jpg

Constatant sans doute que les États Généraux sectoriels n’ont pas abouti aux résultats escomptés, il exhorte son PM, de souche lavalassienne, à entamer un dialogue qui devrait déboucher sur un Pacte de Gouvernabilité. Et ce même président a verrouillé les portes du dialogue. Il humilie publiquement son PM en déclarant son insatisfaction totale parce que les personnalités qu’il attendait dans l’assemblée n’étaient pas présentes. Et ça a causé une brèche mortelle entre les deux têtes du pouvoir exécutif qui s’accusent mutuellement. Et, le 7 février 2019, date commémorant les trente-trois ans du rejet du macoutisme ou la fin de la dictature des Duvalier et les deux ans de l’intronisation du président Jovenel Moise au palais national, le peuple haytien détenteur de la souveraineté nationale en profite pour lancer un mouvement populaire cristallisé par un ras-le-bol de manière à renverser le système d’apartheid économique et politique ou le statu quo ante que M Jovenel Moise symbolise et représente.

Pour faire suite à cette insurrection quasi-générale, le président haytien apparemment en chute libre, a une nouvelle fois, opté pour un comité de facilitation du dialogue national inter-haytien visant la mise en place d’un gouvernement inclusif capable de répondre aux aspirations de la population. Une telle décision, selon plusieurs analystes politiques, serait une révocation tacite du Premier Ministre par le président qui en plusieurs occasions avant le discours du président classé par l’écrivain contemporain Lyonel Trouillot de « sept minutes de perdues » ou M Moise « a perdu le sens du réel ». Que Monsieur le président, se réveille. Le peuple en rébellion et en colère rejette tout dialogue visant à monter un gouvernement inclusif mais cherche plutôt une « négociation politique » laquelle conduira certainement la mère-patrie vers un gouvernement de transition qui facilitera ce dialogue pour changer de paradigme, pour changer le système. La transition politique est de plus en plus incontournable.

Dans un éditorial intitulé « Hayti le pays dépossédé », Guy Tallefer décrit la mère-patrie comme un non-État qui enrichit uniquement les élus. « Pays aux structures cassées, chapeauté par un non-État, doté d’élus pour qui la vie politique se résume à une opération d’enrichissement personnel », a écrit l’éditorialiste. « Jovenel Moise, a-t-il poursuivi, à travers Agritrans en tout point le modèle d’assujettissement néolibéral qui enfonce les haytiens dans la pauvreté ». « Illégitime. Immoral. Incompétent. Incapable. Incohérent. Impuissant. Indigne. Irresponsable. Le président est une déception, un mandant qui n’est pas crédible et qui est un menteur », a craché avec dédain  le sénateur Youri Latortue, un allié sûr que le chef de l’État a trahi parmi tant d’autres.

Partez tranquillement, monsieur le président, pendant qu’il est encore tôt et évitez le sort de Cincinnatus Leconte ! Rappelez-vous que les américains n’ont pas d’amis ni d’ennemis éternels, président Moise et qu’un diplomate de bas étage comme David Hale qui, est loin d’être votre homologue, ne pourra jamais sauver votre mandat très contesté par vos pairs ! Un Jean Bertrand Aristide très populaire à travers la République était contraint par le peuple souverain à rendre son tablier le 29 février 2004 alors que le secrétaire d’État américain d’alors, Colin Powell, 5 jours avant sur le sol national, lui apportait le soutien de Washington. Son Excellence, la rue est souveraine et a toujours le dernier mot. Washington est désormais discrédité et le peuple haytien, hormis les politiciens, valorise peu la politique de deux poids et deux mesures de l’Amérique étoilée.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.