Par Le Novateur Haiti

Édito.-

L’indépendance de l’île d’Hayti en 1804 soulevait le mécontentement et l’indignation de la communauté internationale de l’époque. Elle la considérait aux dires du Dr Logan comme une gifle, un défi et une menace pour les puissances esclavagistes et colonialistes. Leurs réactions, en effet, ne tardaient pas à se faire sentir. Ouvertement, deux des principaux dirigeants du monde occidental planifiaient d’étouffer dans l’œuf  cette révolution nègre, prodrome d’un nouvel ordre mondial, allant à l’encontre des intérêts des nouveaux maitres du monde. Napoléon Bonaparte, en France, annonçait sans détours qu’il fallait à tout prix « bloquer la marche des noirs dans le monde ». Et Thomas Jefferson, aux États-Unis, vociférait tout de go qu’il fallait « confiner la peste dans l’île et l’isoler » en imposant contre le nouvel Etat un embargo dévastateur qui ruinait son économie et le condamnait à la pauvreté. Le journaliste hors-pair Serge Beaulieu n’affirmait-il pas toujours qu’il y ait un complot permanent contre Haïti ?

C’est hier encore que notre indépendance est décrite par l’ex-représentant de l’OEA en Hayti, l’éminent professeur brésilien Ricardo Seitenfus (2010) au quotidien suisse Le Temps comme « un crime de lèse-majesté pour un monde inquiet…Le péché originel d’Hayti sur la scène mondiale, conclut-il, c’est sa libération. » La communauté internationale  revancharde n’a jamais raté la moindre occasion pour faire subir les pires vexations et  humiliations aux descendants des Titans de 1804.

Entre 1804 et 2011, les occidentaux ont tout manœuvré pour  forcer l’effondrement total de ce pays de nègres : l’assassinat crapuleux de l’empereur Jean-Jacques Dessalines en 1806, le paiement de la double dette de l’indépendance pour réparer les anciens planteurs esclavagistes en 1825, l’escroquerie financière de 1914 par la marine américaine emportant $500.000 en lingot d’or de la Banque de la République d’Hayti, l’invasion et l’occupation américaine de 1915 à 1934 pour contrôler les finances d’Hayti par le biais du Wall Street Bank, l’invasion américaine de 1994 et celle de 2004 pour finalement « suspendre l’indépendance d’Hayti » et la placer sous la tutelle onusienne à travers l’Initiative d’Ottawa.

Certes pour mettre leur plan à exécution, ils s’appuient toujours sur des dirigeants haytiens, kleptocrates, cleptomanes ou thuriféraires. Malgré leur coopération volontaire ou involontaire avec les nations malveillantes, ils n’étaient certainement pas des larbins et surtout pas des conspirationnistes qui voulaient détruire leur mère-patrie. Sans l’ombre d’un doute, ils se sont enrichis au détriment des masses laborieuses. 

En 2003, les nations malveillantes ont délibérément créé le Core Group à l’Initiative d’Ottawa que Jean Gary Denis définit comme « un syndicat diplomatique ayant pour mission la défense de leurs droits d’ingérence dans les affaires haytiennes » pour diriger la mère-patrie, Hayti, par personnes interposées telles René Préval (2006), Joseph M. Martelly (2011) et Jovenel Moise (2016). Et, sans rougir, on assiste à la soumission totale des élites transnationales, politique et économique, parce qu’une telle ingérence outrancière fait leur affaire. Quelle traîtrise !

À partir du séïsme dévastateur du 12 janvier 2010, tout s’achemine facilement vers la plus grande destruction planifiée contre la mère-patrie, Hayti. Les États-Unis contrôlent tout avec plus de 10.000 ONG. Les élections du 28 novembre 2010 seraient le dernier coup de massue lorsque la Communauté Internationale, dénonce Ricardo Seitenfus, a fait « un coup d’état silencieux » en sélectionnant Joseph Michel Martelly pour être le président de la République d’Hayti. In fine, les nations malveillantes ont trouvé en « SweetMicky » tout ce qui fallait pour effacer l’État haytien et toutes ses institutions. Alors, tout haytien digne de ce nom ne devrait-il pas haïr cordialement et avec passion les États-Unis qui prouvent par de tels actes qu’ils n’aiment pas ce pauvre peuple, naïf et bon enfant ? 

La Communauté Internationale a récidivé en 2016 en imposant au pays le poulain de Martelly, Jovenel Moise. L’ex-émissaire américain en Hayti, Daniel Foote (2021), a dressé un tableau très sombre laissé par le gouvernement de Moise : « Le peuple haïtien, embourbé dans la pauvreté, pris en otage par la terreur, les enlèvements, les vols et les massacres des gangs armés et souffrant sous un gouvernement corrompu et lui-même allié aux gangs, ne peut tout simplement pas supporter l’injection forcée de milliers de migrants, de retour et manquant de nourriture, d’abri et d’argent, sans que cela ne conduise à une nouvelle tragédie humaine par ailleurs évitable. L’État effondré est incapable de fournir la sécurité ou les services de base, et d’avantage de rapatriés, ne fera qu’aggraver le désespoir et la criminalité. L’augmentation de la migration à nos frontières ne fera que croître à mesure que nous ajouterons à la misère déjà inacceptable d’Haïti ».

Ce n’est qu’en été 2022 que la Communauté Internationale, en particulier, les États-Unis et le Canada claironnent que seule une intervention militaire étrangère résoudrait la crise politique, humanitaire et sécuritaire en Hayti constituée et entretenue par eux-mêmes pour son anéantissement alors que la Russie, à travers son Représentant permanent adjoint Dmitry Polyanskiy confirme sans ambages : «Haïti traverse également une crise de statut d’État qui a été largement causée par l’ingénierie politique extérieure et la politique néocoloniale ».

Plus de sanctions pour les politiciens et les affairistes d’Hayti, a réitéré l’hypocrite Justin Trudeau.  « Hayti, déclare-t-il, n’a pas besoin d’une intervention étrangère pour résoudre la crise qui ronge le pays. Une intervention étrangère ne conduira pas à la stabilité à long terme en Hayti ». Et la France, à travers son ambassadeur accrédité en Hayti, Fabrice Mauriés, a subitement vendu la mèche en avouant : « Aucun soldat, ni policier ne sera déployé pour lutter contre les gangs arméesHayti doit compter, ajoute-t-il, sur ses forces nationales pour se débarrasser des gangsters ».

Quelle gifle mortelle pour le guignol Ariel Henry qui, brusquement  « entend mobiliser, dit-il, toutes ses forces pour rétablir l’insécurité » ! Hayti par contre ne disparaitra pas tant qu’il y aura des hommes et des femmes dignes héritiers de l’idéal de l’Homme de Cormiers, père fondateur de la Patrie. Aussi ce dont la mère-patrie a-t-il grand besoin pour sortir de ce complot permanent des nations malveillantes serait la désignation d’un Dessalines ou d’un Pétion par les esprits ancestraux, les 17/21 nations Loas Ginen sous l’obédience de Lavilokan, qui viendra avec une équipe de femmes et d’hommes dotés de compétences avérées, de pragmatisme, d’honnêteté et foncièrement blancophobes pour redresser la barque nationale et mettre fin à la domination des ennemis masqués et des collabos conspirationnistes du pays œuvrant à sa perte et à sa disparition. 

Édito#430, Le Novateur, 20 mars 2023

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