Introduction   

Le 2 décembre 1823, lors d’un discours au Congrès, le président américain James Monroe énonce le principe de ce qui deviendra une doctrine impérialiste : la doctrine Monroe. Cette doctrine se résume en une phrase1 : « Aux Européens le vieux continent, aux Américains le Nouveau Monde. » Elle devait préserver le continent nord-américain et l’Amérique latine contre de nouvelles interventions colonisatrices européennes. Le continent américain serait protégé par les États-Unis, qui déclaraient en outre se désintéresser des affaires européennes (isolationnisme).2

Par Francisque JEAN-CHARLES.-

Peuplement de l’Amérique, appartient-t-il aux Étasuniens ?  

Selon cette théorie, longtemps hégémonique, les premiers Américains sont venus d’Asie, il y a 13 000 ans, via le détroit de Bering alors asséché. Cette thèse est en passe d’être détrônée par la datation longue : les premiers Américains seraient plutôt arrivés dès – 30 000 et peut-être même bien avant.Cependant, les trois principales et plus puissantes civilisations précolombiennes (ou amérindiennes) sont les Mayas, les Incas et les Aztèques.4

On a aussi découvert à Kennewick, sur la côte ouest des Etats-Unis, les ossements d’un homme vieux de près de 10 000 ans. Ce qui en fait l’ancêtre des Américains d’aujourd’hui. Or des analyses scientifiques ont établi que ce premier habitant du Nouveau Monde n’était pas, comme les Indiens, d’origine asiatique, mais Blanc.5

Moines irlandais et baleiniers basques. Le continent américain comptait avant 1492 plusieurs millions d’habitants. Les ancêtres des Amérindiens, véritables découvreurs de l’Amérique, sont venus d’Asie plusieurs dizaines de milliers d’années avant notre ère, à l’époque glaciaire.6

In fine, au XVI e siècle, les Européens désignent l’Amérique par le terme de « Nouveau Monde ». Le continent est finalement appelé « Amérique » en l’honneur de l’explorateur Amerigo Vespucci.7

De quel droit, la folie d’accaparement du continent américain par le 4e président étasunien James Monroe n’a jamais trouvé jusqu’ici aucune contestation ? Le monde, y compris, d’autres pays qui ont contribué à la construction de cette Amérique, des ayants-droits, sont restés bouche cousue.

À ses risques et périls, un fils de Port-de-Paix, descendant direct de François Laurent dit Cappoix-La-Mort et réincarnation de Dessalines conteste une telle insulte et rejette avec véhémence le vol de l’Amérique par les Étasuniens. In contrario, l’histoire nous porte plutôt à dire l’Amérique aux Haytiens alors que le gouvernement étasunien, belle lurette, place Hayti géographiquement dans le Bassin des Caraïbes.

 

Colonisation européenne de l’Amérique

Le traité de Tordesillas est un traité entre l’Espagne (union dynastique des royaumes de Castille et d’Aragon) et le Portugal, conclu le 7 juin 1494 à Tordesillas (royaume de Castille) sous l’égide du pape Alexandre VI, afin de diviser le monde entre une zone réservée à l’Espagne et une zone réservée au Portugal, dans le cadre du processus des grandes découvertes.8

Conséquemment, les terres du Nouveau Monde étaient alors partagées entre Isabelle Ire de CastilleFerdinand II d’Aragon et Jean II de Portugal. À partir de 1534, le Royaume de France établit ses colonies principalement au nord-est et centre de l’Amérique du Nord jusqu’au golfe du Mexique, ainsi que dans les Antilles et sur le plateau des Guyanes et d’Hayti. Le Royaume d’Angleterre s’établit sur les côtes de l’Atlantique Nord et dans la mer des Caraïbes, les Provinces-Unies conquièrent des îles caribéennes (ArubaCuraçao et Saint-Martin), le Royaume du Danemark et de Norvège s’installa au Groenland et l’Empire russe conquiert la région de l’Alaska.9

Entre-temps, en Grande-Bretagne, durant le règne de Jacques 1e (1603-1625), les puritains sont considérés comme des « hors la loi », des « marginaux » et sont activement recherchés. Ils décident alors d’émigrer vers une terre lointaine où ils seraient libres de pratiquer un christianisme puritain, respectant rigoureusement les principes moraux.10

Le 6 septembre 1620, 35 dissidents anglais embarquent à bord du Mayflower avec pour destination le Cape Cod dans le Massachusetts, afin d’y établir leur colonie. En partant, les puritains prennent le nom de « pères pèlerins ». Ils seront les premiers anglo-saxons à s’installer en Amérique du nord. A leur arrivée, le 21 novembre 1620, les « pilgrims fathers » fondent la colonie de Plymouth. Ils signent alors le « Pacte du Mayflower », l’un des textes fondateurs ayant inspiré la « Constitution des États-Unis ». Ils ne savent cependant pas que la terre qu’ils prennent appartient déjà à la tribu des Indiens, les « Wampanoag ». Conséquemment, l’histoire du Mayflower est considérée comme le mythe fondateur des États-Unis d’Amérique.11

Mais les premiers colons anglais sont arrivés à Jamestown (Virginie) depuis 1607 où le continent américain, depuis plusieurs millénaires, n’était peuplé que par les Amérindiens. Ensuite, le territoire américain fut ensuite colonisé à partir du 17e siècle par différentes puissances européennes (EspagneRoyaume-UniFrance (Nouvelle-France). Désireux de s’affranchir de la métropole britannique et de gouverner par eux-mêmes, les colons des Treize colonies proclamèrent leur indépendance en 1776.12

À la suite d’une guerre d’indépendance victorieuse, ils créèrent une nouvelle nation qu’ils baptisèrent les États-Unis d’Amérique, regroupant alors le New Hampshire, le Massachusetts, le ConnecticutRhode IslandNew York, le New Jersey, la Pennsylvanie, le Delaware, le Maryland, la Virginie, la Caroline du Nord, la Caroline du Sud et la Géorgie13Par la suite, le territoire des États-Unis s’agrandit en incorporant de nouveaux États14 (ex : achat de la Louisianeguerre américano-mexicaineachat de l’Alaska, , etc.) et cela jusqu’au XXe siècle.

 

Pourquoi sont-ils les seuls américains sur le continent américain ?

On parle de la naissance des États-Unis, n’est-ce-pas ? Pourquoi ne sont-ils pas des citoyens étasuniens d’Amérique ? N’occupent-ils pas géographiquement la partie septentrionale du continent américain ? Comment les autres pays du continent américain, ont-ils pu, sans rougir, accepté de fait que les États-Unis volent délibérément leurs noms ? Quel pays a revendiqué ce vol par les États-Unis dont leur unique objectif était de faire la conquête du continent !

Certains historiens ont parlé d’une seconde guerre de l’indépendance en 1812 où la Grande Bretagne était le seul pays qui souhaitait15 « freiner l’expansion et la réalisation du destin américain » et elle était une puissance européenne. Pourquoi les révolutionnaires indépendantistes tels que Simon Bolivar, le libérateur de l’Amérique latine ; Francisco de Miranda, le précurseur de l’indépendance sud-américaine, Francisco Javier Mina, le révolutionnaire du Mexique et surtout les libérateurs d’Hayti, appelé par Bolivar (1816) « l’asile de tous les Républicains », surtout Alexandre Sabés Pétion et Dessalines, n’avaient-ils pas non plus revendiqué une telle anomalie, une telle injustice sur le continent américain ?

 

L’Amérique aux Haytiens, revendique-t-il ?

Quelle a été la contribution des soi-disant Américains sur le continent américain ? Apparemment aucune à noter. Tout d’abord, les premiers colons anglais européens qui ont foulé le sol américain en 1607 ont accaparé brutalement les terres des autochtones. À de rares exceptions près, les relations se détériorèrent rapidement. Contrairement aux Français, les premiers immigrants britanniques étaient « avides de terres » et les autochtones furent perçus comme des concurrents, les colons anglais convoitant constamment les « territoires indiens ».16

De la convoitise des terres autochtones à la guerre contre le Mexique pour l’annexion territoriale, les campagnes dans le nord du Mexique  montre la volonté délibérée des États-Unis, dès 1844, d’annexer les territoires mexicains du nord, le Texas et la Californie, ambitions territoriales liées à la croissance démographique du pays par l’immigration. Entre 1845 et 1847 le conflit s’étend, outre la Californie, au Chihuahua, au Sonora et jusqu’à Saltillo. La guerre est déclarée en 1846 et « le racisme, préjugés et bonne conscience protestante […] justifient la déclaration de guerre ».17

Le Mexique avait cédé aux États-Unis les territoires de la Californie et du Nouveau-Mexique : les États actuels de l’Arizona, du Colorado, de la Californie, du Nevada, du Nouveau-Mexique et de l’Utah.18 Les États-Unis ont appliqué à la lettre les vœux de François 1e, roi de France à partir de 1515, qui déclara, non pas sans raison à propos du traité de Tordesillas : « …le soleil luit pour moi comme pour les autres. Je voudrais bien voir la clause du testament d’Adam qui m’exclut du partage du monde ». Pour François 1e, seulement « les lieux habités et défendus » peuvent être réclamés légitimement par une puissance et les autres sont libres d’attaches.19

            Et n’était-ce pas la bataille de Vertières par les généraux indépendantistes de la colonie française de Saint-Domingue laquelle a contribué à l’étendue territoriale américaine avec l’acquisition de la Louisiane pour une modique somme de $15 millions de dollars ? Les deux autres états : Alaska devenu territoire américain en 1867 de la Russie pour 17 millions de dollars et Hawaii un protectorat par referendum en 1894, ont été tous deux incorporés en 1959 lesquels représentent les 50 états de l’union.

Peut-on déduire que les États-Unis d’Amérique ne sont qu’une combinaison de terres volées, accaparées ou annexées ? Qui peut pointer du doigt une contribution positive des États-Unis sur le continent américain. In contrario, le continent en a connu le pire des invasions et des occupations. De 1898 à 1935, des engagements à Cuba et au Panama. 1914, 21 avril au 3 novembre : troupes d’occupation à Veracruz, Mexique. 1915 : débarquement de troupes américaines à Haïti, qui y restent jusqu’en 1934. 1917 à 1918 : États-Unis dans la Première Guerre mondiale. De 1916 à 1924 : troupes d’occupation du corps des marines en République dominicaine, et au Nicaragua (1912-1925 et 1926-1933).20

Le renversement du gouvernement de l’État insulaire de Grenade et son remplacement par un régime marxiste entraînent une intervention militaire des États-Unis et d’autres pays des Caraïbes. Un coup d’État dirigé par le général Hudson Austin en octobre 1983 mène à l’arrestation et à l’exécution du premier ministre Maurice Bishop et de certains de ses ministres.21

L’armée américaine déclenche une opération militaire d’envergure à Panama afin de mettre fin au règne du général Manuel Noriega. Un nouveau président, Guillermo Endara, est assermenté le 20 décembre 1989, le jour même de l’invasion.22

 

La contribution incommensurable et incontestable d’Hayti sur le continent américain

C’est vrai que les États-Unis d’Amérique fut le premier, sur le continent américain, à mener une guerre victorieuse pour son indépendance de la Grand Bretagne. C’est aussi vrai que les esclaves africains et créoles, mulâtres et noirs, de la colonie française de Saint-Domingue ont été les seuls sur le leadership du Spartacus noir, Toussaint Louverture, à avoir militairement vaincu les forces de trois empires coloniaux européens et qu’Hayti fut la première nation noire à avoir fait la conquête de la liberté  colonialiste, esclavagiste et raciste dans le monde. Hayti n’a rien à envier des États-Unis d’Amérique. Entourée des puissances esclavagistes, l’indépendance d’Hayti représentait, selon l’historien noir américain Rayford W. Logan « une anomalie, un défi et une menace ».23

Et comme c’était l’impensable, des milliers d’hommes et de femmes ont cimenté de leur vie la fondation de la nation haytienne…Il n’y a pas uniquement les pères fondateurs, il y a aussi des anciens esclaves sans grade, sans noms ni héritages qui ont joué un trop grand rôle dans les différentes batailles pour être occultés…Collaborateurs immédiats et ennemis acharnés, les cinq premiers dirigeants ont tous partagé les idéaux de liberté et d’autodétermination.24

Hayti fut le modèle à suivre pour se libérer du joug de l’esclavage en Amérique et en Europe, pas les États-Unis lesquels dans le 13e amendement de leur constitution interdit l’esclavage mais a été suivie par une ségrégation raciale durant plus d’un siècle.25

Européens et Latinos n’ont pas hésité à solliciter l’aide en tout d’Hayti. Dans le courant des années 1810, beaucoup de leaders indépendantistes de la région se sont retrouvés en Haïti en quête de support pour leur lutte contre le système colonial.

Durant son séjour en Haïti, Francisco de Miranda entre fin 1805 et début 1806, a été reçu en audience par l’empereur Jacques 1e qui lui a procuré, en plus des conseils militaires, une importante aide matérielle en hommes, armes et munitions. Le drapeau aux trois bandes horizontales (jaune, bleu et rouge) de la Grande Colombie a été créé en Haïti, le 12 mars 1806, par Francisco de Miranda.26

Parmi les plus illustres, on retrouve le révolutionnaire argentin Manuel Dorrego qui, pendant son séjour en Haïti, a rencontré des survivants de l’armée rebelle et s’est imprégné des idéaux et stratégies des pères fondateurs dans leur lutte pour l’indépendance. Lorsque l’Argentine s’est libérée de la colonisation espagnole, Haïti a été le premier pays à reconnaître son indépendance. Francisco Javier Mina et Pedro Labatot ont obtenu des aides de Pétion pour des expéditions respectivement en direction du Mexique et de la Nouvelle Grenade. C’est en Haïti que Javier Mina a rencontré celui qui est devenu le Libertador.27

Simon Bolivar a effectué son premier voyage en Haïti, du 24 décembre 1815 au 31 mars 1816. Dans une lettre qu’il a écrite aux Cayes, le 27 mars 1816, quelques jours avant le départ de sa première expédition dite l’expédition des Cayes, Bolivar a indiqué à son ami le colonel Leandro Palacios : « après-demain, nous devons partir d’ici pour notre terre avec une expédition de quatorze bateaux de guerre, 2 000 hommes, des armes et munitions suffisantes pour faire la guerre pendant dix ans ». Au nombre de ces bateaux se trouvait le « Wilberforce », puissant vaisseau de guerre haïtien, équipé de vingt canons, que Pétion a mis à la disposition du Libertador.28

Bolivar a remporté des succès militaires significatifs durant les mois de mai et de juin 1816. Cependant en juillet 1816, il a été mis en déroute à Ocumare de la Costa. Indexé par certains de ses généraux, eux-mêmes victorieux sur d’autres fronts, d’être responsable de la deuxième déroute de l’entreprise indépendantiste, le Libertador a de nouveau trouvé asile en Haïti, de septembre à décembre 1816. Dans ses lettres, Bolivar a décrit Haïti comme « l’asile de tous les républicains ».29

Le 16 novembre 1816, il a écrit à ses officiers : « j’emporte avec moi vers la patrie de nouvelles ressources en hommes, en armes, en munitions et en bateaux ». Le 18 décembre 1816, la deuxième expédition dite expédition de Jacmel a mis le cap pour l’Amérique du Sud. Avec les aides reçues d’Haïti, Bolivar a pu mener ses luttes décisives pour l’indépendance du Venezuela, de la Colombie, du Pérou, de la Bolivie et de l’Équateur respectivement.30

Hayti, la mère-patrie, a donc une part considérable dans la lutte pour la liberté en Amérique du Nord. Malgré l’embargo criminel imposé par les États-Unis pour étouffer la nouvelle nation naissante, la deuxième en Amérique, le président de la République d’Hayti Alexandre Sabés Pétion continua la politique diplomatique de Dessalines, allant même jusqu’à entretenir des relations militaires avec les États-Unis. En 1812, il envoya un contingent haytien de 150 soldats à Chalmette (New Orléans) pour aider les Américains dans  leur deuxième guerre de l’Indépendance contre l’Angleterre.31

Ce symbole de sortie de l’esclavage fut aussi une référence pour les afro-américains en esclavage aux États-Unis d’Amérique. Les révoltes de Denmark Vesey à Charleston (1822), et de Nat Turner (1831) en Virginie font suite à celle de Gabriel Prosser quelques années plus tôt (1800). S’il n’est pas avéré que la révolte de Nat Turner a été inspirée de la révolution haytienne, les révoltes de Prosser et de Vesey ont des liens affirmés avec Hayti.32 Et nous avons déjà suscité le Mexique dans notre contribution.

Cette aventure d’accompagnement de peuples pour leur libération prenait une extension au-delà du continent américain. Le gouvernement de Jean-Pierre Boyer a fait un don de 25 000 livres de café et ainsi que des dizaines de soldats, 40.000 piastres ainsi que 20.000 fusils pour prendre part à la guerre de l’indépendance de la Grèce. Haïti est le premier pays à reconnaître la Grèce indépendante, le 15 janvier 1822.33 La princesse Marina de Grèce visita Hayti en 1935 afin de remercier solennellement le peuple d’Hayti pour cette aide qui a contribué à l’indépendance de son pays.

Au coeur de Tripoli, la capitale libyenne, une rue porte le nom d’Haïti, la première République noire au monde. Hayti Street est une marque de reconnaissance envers la terre de Dessalines pour ses contributions dans la lutte pour l’indépendance de la Libye en 1949 de l’Italie. En effet, l’indépendance de la Libye est ancrée dans l’actif du sénateur et diplomate haïtien Emile Saint-Lot. Premier ambassadeur d’Haïti auprès des Nations Unies, il avait pris position en faveur d’Ali Aneizi, membre du comité de libération de la Lybie.34

Le 29 novembre 1947, il est le dernier à voter en faveur de la création de l’État d’Israël en tant que représentant d’Haïti. Il figure parmi les 33 votants «pour» avec les États-Unis d’Amérique et l’U.R.S.S L’Union des républiques socialistes soviétiques était un État fédéral transcontinental à régime communiste. Cette fédération a existé de sa proclamation le 30 décembre 1922 à sa dissolution le 25décembre1991.35Son vote a aussi été décisif pour l’indépendance de la Somalie.

 

Conclusion

Le président français François Mitterrand déclarait : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans morts. Apparemment […] Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. »36

Si les États-Unis d’Amérique sont en guerre contre son allié aussi criminel, la France, pillant l’Afrique francophone depuis la Conférence de Berlin de 1884, mais ensemble, ses deux puissances criminelles ont manœuvré de diverses manières pour contrôler Hayti, influencer le choix de ses dirigeants, exacerbant les conflits de couleurs entre mulâtres et noirs.37

Comment l’indépendance engendre-t-elle l’inacceptable ? demande perplexe le professeur André Ntonfo exposant la revanche américaine face à Hayti : « Nous ne permettons pas que la paix des onze états soit troublée par l’exhibition des fruits d’une insurrection nègre qui a réussi, et que pour avoir assassiné leurs maitres, ces anciens esclaves nègres puissent trouver des amis blancs aux États-Unis ».38

Les États-Unis n’ont apporté aucune contribution au continent américain alors qu’ils attribuent la citoyenneté américaine à ses ressortissants. Pourquoi aucun pays sur le continent américain ne s’y oppose à une telle arnaque ?

La doctrine de Monroe, dès 1823,  récuse l’ingérence des anciennes puissances coloniales européennes dans les Amériques. Son corollaire, énoncé en 1904 par le président Theodore Roosevelt autorise les États-Unis à faire la police, du Rio Grande à la Terre de Feu. Avec ce corollaire, ce n’est plus « l’Amérique aux Américains », mais plutôt « les Amériques aux États-Uniens »…39

Et si c’est vraiment le cas et c’est véritablement le cas, Hayti, « la fille aînée de l’Afrique », « de sa position de pionnière ou de phare » pour le monde, « est venue à être ignorée, pervertie et en définitive transformée en un contre modèle aujourd’hui  reléguée dans la poubelle de l’humanité ».40

La mère-patrie, Hayti, ne pouvait pas non plus revendiquer sa place sur le continent américain auquel sa grande et incommensurable contribution a contribué dans l’indépendance de plusieurs pays frères, y compris les États-Unis. Les chasseurs volontaires de Saint-Domingue, environ 800 « fusiliers de couleurs », tous des esclaves Affranchis, partaient de Saint Marc, pour rejoindre la flotte française au large des côtes de la Géorgie, au Sud des Etats-Unis. Ils étaient les premiers (selon certains historiens) à affronter les forces anglaises sur le terrain dans des opérations d’avant-garde, de reconnaissance et de couverture.41 Des descendants d’Africains ont versé leur sang pour la gloire et l’honneur des États-Unis.

Et en 1812, un contingent de 150 soldats haytiens fut envoyé par le président Pétion à Chalmette, New Orléans pour aider les Américains à gagner leur deuxième guerre d’Indépendance contre l’Angleterre.42 En plus, rappelle certains historiens, l’armée américaine était faible et se trouvait dans l’impossibilité de sécuriser la Nouvelle Orléans. Les Américains ont dû faire appel au pirate Jean Lafitte, compagnon de Catherine Vilard, une mulâtresse qui commandait une milice composée d’Haytiens basée à Barataria dans les îles côtières de la Louisane. Grâce à Lafitte et ses alliés haytiens, ils ont tué près de 2000 soldats ennemis.43

Aucune reconnaissance des États-Unis pour tous ses bienfaits émanant d’un peuple souverain et libre qui cherchait justement la reconnaissance diplomatique de ce pays frère. La mère-patrie, Hayti, restait isolée au plan diplomatique justement pour vider son indépendance de son contenu véritable.

Il est grand temps à ce que l’Amérique du Sud, l’Amérique centrale et le Bassin des Caraïbes revendiquent leur continent, ils sont tous des Américains. Hormis Cuba sur le continent, presque chaque état américain a combattu pour se libérer des empires esclavagistes européens. L’Amérique est bel et bien à nous tous. Devra-t-on citer les États-Unis, état accapareur d’un héritage collectif, par devant la Cour Pénal Internationale ? Que tous les dirigeants des 56 autres pays du continent américain fassent un faisceau-joint, bâtissent une force unitaire pour contraindre les États-Unis à s’asseoir pour les négociations ! En cas de refus d’obtempérer, les nations du continent américain prendront acte et sauront quoi faire.  

Francisque Jean-Charles, Le Novateur, 20 janvier 2023

 

Références bibliographiques :

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