Par Le Novateur Haiti

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Numéro#429 – (03 mars 2023)

Monseigneur Hubert Constant (2004) de l’Église Catholique, Apostolique et Romaine, dans une homélie historique,  a eu l’ultime et mal courage de cracher cette vérité de la Palice : « Notre cœur saigne encore lorsque nous voyons se perpétuer dans notre pays ces situations d’insécurité, d’impunité, de corruption, d’exploitation à outrance pour l’argent et le pouvoir, et la mascarade de la justice ». En 2023, sa déclaration à la fois intempestive et contestataire tient encore la route ; en fait, les situations scandaleuses et révoltantes qu’il décrivait sont devenues la norme et dirait-on presque personne ne hurle à la honte. Quelle tristesse !

Cinq concepts fondamentaux suscités sont liés à un État de droit dans cette démocratie occidentale imposée à un peuple victime depuis des lustres de la faim et de l’alphabétisme – deux corollaires indispensables à l’avancement de cette démocratie sont aux abonnés absents en Hayti. À rappeler qu’on expérimente cette démocratie de façade depuis 1987 et aucun pouvoir politique digne de ce nom n’a eu la décence de combattre l’insécurité, l’impunité, la corruption, le pouvoir anocratique et la justice discréditée. Les nations malveillantes – Canada, États-Unis et France veulent à tout prix l’anéantissement du peuple haytien qui a montré au monde la voie de la liberté, de l’égalité et de l’autodétermination.

Max Weber (1963), le sociologue allemand, définit un État comme « une communauté humaine qui revendique le monopole de l’usage légitime de la force physique sur un territoire donné ». Pourtant, le bon peuple haytien est livré par l’État haytien aux mains des malfrats, des bandits et des gangsters qui le rançonnent et le terrorisent au vu et au su de tout le monde. La mère-patrie végète dans une insécurité généralisée, planifiée et organisée au grand dam du Core Group avec son chef de file, le représentant du BINUH en Hayti, Helen La Lime, laquelle selon ses propres statistiques, a récemment affirmé sur le podium de l’ONU qu’il y avait plus de 600.000 armes lourdes en circulation placées aux mains des gangs à sapâtes dans le but de déstabiliser le pays pour l’implémentation de Global Fragilitiy Act – visant la main mise sur nos matières premières.

Sur le site www.capital.fr (2022), selon les définitions classiques, « la corruption consiste dans le fait de soudoyer, de suborner une autorité afin d’en tirer quelque avantage. Active ou passive, la corruption constitue un délit selon le droit pénal, qui peut être encore plus lourdement sanctionné si elle concerne une personne dépositaire de l’autorité publique ». Elle conduit naturellement à « la perte de confiance en l’Etat à travers ses structures notamment la Justice, la police etc… » (www.etudier,com).

Malgré la Convention des Nations-Unies contre la corruption (2004), certains pays signataires tels le Canada et les États-Unis ferment leurs yeux sur ce fléau rongeur d’Hayti parce que corrupteurs et corrompus de la classe politique et économique utilisent leur pays respectifs comme des paradis fiscaux pour cacher les fonds émanant de la corruption ou des activités illégales. Sans décorum, le secrétaire d’État au Trésor américain Janet Yellen dans un discours prononcé  à l’occasion du Sommet sur la démocratie en 2021 a déploré qu’« Il y a des raisons de penser, qu’à l’heure actuelle, le meilleur endroit pour cacher et blanchir des gains acquis frauduleusement est en fait les États-Unis ». Serait-ce une invitation explicite à d’autres pays dans les Amériques comme Hayti à faire autant ?

Depuis l’Initiative d’Ottawa du 23 octobre 2003, le Core Group impose leurs présidents à la mère-patrie, Hayti et exige les oligarques à financer les élections des parlementaires, femmes et hommes politiques avides de richesse infâme. En conséquence, ces politiciens-collaborateurs dociles, véreux et surtout blancomanes sont devenus des pilleurs du trésor public, des assassins, des trafiquants de drogue et des chefs de gangs. Les argents volés et les biens achetés font partie du patrimoine économique des pays tuteurs. L’on se rappelle le régime de sanctions imposé récemment par Ottawa aux 15 politiciens et magnats des affaires d’Hayti et lorsqu’on demande à l’ambassadeur canadien Sébastien Carrière si les biens et argents saisis allaient être retournés à Hayti, il a répondu ironiquement : en aide humanitaire. Ainsi s’explique pourquoi le docteur Jean Fils-Aimé dénonce avec véhémence ce comportement du gouvernement canadien qui fait la main mise sur les biens de l’État haytien qu’il qualifie, non sans raison, purement et simplement de vol.

L’Etat d’Hayti est au bord de l’effondrement. L’un de ses piliers, la justice, est décrié et suscite une méfiance accrue de la population. En fait, cette justice aux mains de la Minustah (2004), de la Minujust (2014) et du Binuh (2019) est devenue une justice arbitraire et discréditée. Selon le site memoireonline.com, « Bref, l’institution judiciaire haïtienne est défaillante aussi bien dans son organisation, dans sa structure que dans son fonctionnement. En outre, ce système est sévèrement critiqué en raison de sa subordination au pouvoir exécutif, de son outrancière politisation et surtout de la corruption qui gangrène le système ». La justice dite haytienne est en déroute parce qu’elle est étrangère au culte des ancêtres. Aux dires de Noam Chomsky « Il existe deux ensembles de principes. Les principes de pouvoir et de privilège et les principes de vérité et de justice. Si vous courez après le pouvoir et les privilèges, ce sera toujours au détriment de la vérité et de la justice ».

Notre Hayti qui a fièrement conquis son indépendance en 1804 est actuellement entièrement contrôlé et dirigé par la Communauté Internationale et René Lévesque (Je me souviens, 2012) affirme que : « Une population dont le territoire est planifié par d’autres, aménagé par d’autres, géré par d’autres, exproprié par d’autres et au profit des autres, est réduite à l’insignifiance ». « Hayti, réitère le professeur Samuel Pierre de l’ISTEAH, est sur la subordination étroite des forces onusiennes militaire, policière, judiciaire et politique depuis 1993 qui n’ont pas donné de résultats escomptés. Et depuis 2003, le Core Group, assemblée des ambassadeurs malveillants et assassins, apporte une instabilité politique chronique et un système judiciaire complètement effondré et incapable de rendre justice ».

Par ailleurs, Ayatola Jameneï (2023)  réaffirme que : « Nous ne sommes pas les seuls à vouloir être indépendants des États-Unis et de l’arrogance mondiale. Il y a aussi d’autres pays qui veulent être indépendants, qui ne veulent pas être à leur service ». Hayti, la mère-patrie, en cette année de recouvrement de dignité et de souveraineté nationale, rejette avec véhémence l’arrogance des nations malveillantes, lesquelles croient injustement que la terre sacrée, l’île mystérieuse Quisqueya, est leur basse-cour. Bandes d’assassins et de fripouilles occidentaux, qu’on se le tienne pour dit : Hayti est aux Haytiens. Aussi, revient-il aux filles et aux fils du dedans et du dehors animés de sentiment d’appartenance, du patriotisme et de compétences avérées pour le sortir de ce bourbier.

Edito#429, Le Novateur, 3 mars 2023

 

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