22 avril 2022 (#407)
Le Novateur Haiti
Biden traite son homologue russe Poutine de « criminel de guerre », l’accuse de « génocide » et appelle à son éjection
L’invasion de l’Ukraine par les militaires russes continue d’alimenter et de diviser les observateurs et les directeurs d’opinions internationaux. La vérité, faudrait-il la chercher en deçà ou au-delà des Pyrénées où semblent logés à la même enseigne l’arroseur et l’arrosé; l’assassin et la victime… ? Alors des interrogations pertinentes s’imposent à la sagacité des plus avertis : Qui a agressé qui ? Qui a exacerbé qui ? Les États-Unis par voie interposée. Car, s’il faut croire Keby June dans l’Apparence : « Ce que vous voyez n’est pas toujours ce que vous voyez. Allez au fond pour confirmer la réalité de ce que vous voyez ».
Arrêtez donc avec l’infantilisation et la propagande occidentale, on n’est pas tous dupes. Certes, la Russie a militairement envahi l’Ukraine, pays souverain, mais l’ambassadeur russe des Affaires Étrangères Sergueï Lavlov a publiquement avoué la raison justificative et probante de cette opération militaire : « Moscou, dit-il, a attaqué son voisin en février suite à l’échec de l’Ukraine à mettre en œuvre les termes des accords de Minsk signés en 2014 et à la reconnaissance éventuelle par la Russie des républiques du Dombass à Donestsk et Lougansk ».
Qu’on se rappelle de la déclaration intempestive et provocatrice de Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la sécurité nationale du président des États-Unis James Earl Carter de 1977 à 1981, près d’une décennie avant l’effondrement de l’Union des Républiques Soviétiques Socialistes (URSS) ! « Toute invasion de la Russie, déclara-t-il, si elle doit être réussie nécessairement doit passer par l’Ukraine ».
Aux avertissements excessifs de la Russie, les États-Unis ont fait la sourde d’oreille. Lors du sommet de l’Organisation du Traité Atlantique Nord (OTAN) à Bucarest en avril 2008, l’administration de George W. Bush a poussé l’alliance à annoncer que l’Ukraine et la Géorgie « deviendraient membres ». Un journaliste russe respecté, citant un Vladimir Poutine coléreux, a avoué que : « si l’Ukraine rejoignait l’OTAN, elle le ferait sans la Crimée et les régions orientales ». L’Amérique a cependant ignoré la ligne rouge de Moscou et a plutôt rapproché l’Ukraine de l’Union Européenne (UE) pour en faire une démocratie pro-occidentale.
En septembre 2021, les États-Unis ont enfoncé le clou dans la plaie en envoyant à l’Ukraine des armes avancées au nom d’une certaine « coopération militaire renforcée ». Volodymyr Zelensky, président ukrainien depuis mai 2019, partage la volonté de son prédécesseur de rejoindre l’Alliance atlantique et l’Union Européenne. Quel pays a été son influenceur dans la quête d’une telle provocation ?
Depuis la campagne présidentielle américaine de 2020, le candidat démocrate annonçait la couleur en désignant la Russie comme « la menace mondiale la plus grave pour Washington ». John Mearsheimer, professeur de sciences politiques à l’université de Chicago, rappelle pourquoi l’Occident est le principal responsable de la crise russo-ukrainienne en écrivant dans www.economist.com, « En juillet 2021, l’Ukraine et l’Amérique ont co-organisé un exercice naval majeur dans la région de la mer Noire impliquant des marines de 32 pays. L’opération Sea Breeze a presque poussé la Russie à tirer sur un destroyer naval britannique qui est délibérément entré dans ce que la Russie considère comme ses eaux territoriales ».
Par ailleurs, l’administration Joe Biden, à travers son secrétaire d’État Antony Blinken, a signé la Charte américano-ukrainienne sur le parténariat stratégique signé en novembre 2021 dont l’objectif était de « souligner… un engagement envers la mise en œuvre par l’Ukraine des réformes profondes et globales nécessaires à une intégration complète dans les institutions européennes et euro-atlantiques ». Peut-on déduire, Africains d’Hayti, que le provocateur russe c’est l’ennemi Biden ?
Dmitri Medvedev, qui a été président de 2008 à 2012 et maintenant secrétaire adjoint du Conseil de sécurité russe, croit éperdument que les États-Unis avaient conspiré pour détruire la Russie dans le cadre d’un « jeu primitif » depuis la chute de l’Union soviétique en 1991. « Cela signifie que la Russie doit être humiliée, limitée, brisée, divisée et détruite », a déclaré Medvedev dans un communiqué de presse. Le président Biden a ses intérêts économiques en Ukraine via son fils Hunter Biden qui, selon le député Andrew Clyde, R-Ga, représente « une menace pour la sécurité nationale » des États-Unis d’Amérique et aussi un investisseur dans la fabrication des missiles biologiques en Ukraine.
Il n’empêche. Le président américain Joe Biden accuse son homologue russe de « criminel de guerre » – pour « les violations graves des lois et coutumes applicables aux conflits armés internationaux » (La Cour Pénale Internationale). La réaction du Kremlin ne se fait pas attendre, déclarant sans ambages que : « Pourtant, Vladimir Poutine n’a perpétué aucun crime de guerre en Irak, en Libye, en Syrie, en Afghanistan, au Vietnam, en Somalie, au Yemen, au Liban, au Nicaragua, au Soudan, au Mali, en Hayti, à Grenade, au Pakistan, aux Philippines, en Timor Oriental, au Kosovo, en Macédonie, au Koweit, au Panama, en Iran, au Salvador, au Chili, etc. »
Le député européen Raoul Hedebow est à l’unisson avec le porte-parole du Kremlin Dimitri Peskov en affirmant que : « L’impérialisme US est le plus grand danger pour le monde…une puissance économique ultra dominante depuis 1945 avec une longue tradition dans l’intervention militaire. Pourtant, on n’a jamais sanctionné les États-Unis. Où est le danger pour la paix dans le monde ? ».
Le docteur Jean Fils-Aimé de son côté persiste et signe : « les États-Unis, avoue-t-il, sont très mal placés pour parler de « criminel de guerre » avec le sang de millions de victimes japonais à Hiroshima et à Nagasaki. Au Vietnam, les américains ont tué plus de 40.000 civils par mutilation et entrainé plus de 500.000 naissances avec des malformations congénitales. Entre 1915-1934, ils ont occupé militairement Hayti et ont trouvé de la résistance de la paysannerie au nom de Charlemagne Péralte. Les marines ont bombardé de manière non-discriminée sur des régions et ont assassiné 5000 paysans pour casser la résistance des Cacos. Et ce sont eux qui crient aujourd’hui à la veuve offensée pour effrayer la population ».
« Assassins qui accusent des assassins » poursuit le présentateur du show Lumière sur le monde, Fils-aimé, qui s’est dit étonné de voir « pour 400 morts à Boucha, c’est un crime de guerre » alors que le Pentagone et le Département d’État sont en désaccord sur les atrocités en Ukraine. Sous couvert de l’anonymat, un haut responsable américain de la défense a déclaré que : « Nous voyons les mêmes images que vous. Nous n’avons aucune raison de réfuter les affirmations ukrainiennes concernant ces atrocités – clairement, profondément, profondément troublantes…Le Pentagone ne peut pas le confirmer de manière indépendante et à lui seul, mais nous ne sommes pas non plus en mesure de réfuter ces affirmations. »
Pis est, le somnanbule et le dégénéré Biden dénonce un génocide en Ukraine lequel selon www.Larousse.fr est « un crime contre l’humanité tendant à la destruction de tout en partie d’un groupe national, éthique, racial ou religieux ». Quel abasourdissement ! Poutine n’avait-il pas annoncé dès le début de l’opération militaire que le Kremlin cherchait « la démilitarisation, la dénazification et un statut neutre » de l’Ukraine. L’on se rappelle du génocide contre les Indiens-Taïnos du groupe des Arawaks à l’île Hispaniola par le gouverneur français Nicola Ovando à partir de 1503 et contre les Herros et les Namas en Namibie en Afrique perpétré sous les ordres de Lothar von Trotha par l’Allemagne coloniale à partir de 1904. La France et l’Allemagne coloniales ont-elles déjà payé pour ces crimes destructifs conduisant à l’ethnocide, la spiritualicide et à l’épistémicide en Afrique et à Hispaniola ?
In fine, un soi-disant démocrate et défenseur des droits de l’homme va jusqu’à appeler à l’éjection d’un président démocratiquement élu par son peuple. Quel abrutissement ! Serait-ce la fin de la civilisation occidentale comme l’a affirmé le philosophe Michel Onfray dans son livre Décadence ? Joe Biden conduirait-il l’Amérique étoilée vers son effondrement ? Tous les indicateurs montrent indubitablement l’avènement d’un monde multipolaire et ce sera une nouvelle opportunité pour les pays et les peuples du Tiers-Monde, l’Afrique et sa diaspora en particulier.
Quelle attitude l’Africain d’Hayti devrait adopter face à cette guerre meurtrière entre les États-Unis et la Russie ? Ni l’une ni l’autre, mes chers congénères. Déjà, le président de la commission européenne appelle à punir tous les pays africains qui ont refusé de voter à l’ONU en faveur des sanctions occidentales antirusses en coupant l’aide au développement. « Décidément, a conclu Jhimy Jean, l’infantilisation de l’Afrique par l’Occident colonial ne finira jamais ». Non, mille fois non Jhimy, Hayti, la mère-patrie, ne sera plus la risée du monde. Étant des rois, nous serons les premiers bénéficiaires du monde multipolaire aux dépens de l’Occident judéo-chrétien.
Francisque Rico Jean-Charles
22 avril 2022
Le Novateur Haiti

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