Par Francisque JEAN-CHARLES

En Juillet 1915, les Marines américains débarquent en Hayti sous le fallacieux prétexte d’y rétablir l’ordre et la stabilité suivant la doctrine de Monroe. Vérité en deçà et au-delà des Pyrénées. Mais, que l’on ne se méprenne pas. L’écrivain américain James Weldon Johnson dans le journal The Nation a décrit, avec des preuves irréfutables, en 1921 que : « l’intervention des États-Unis dans la République haïtienne n’a été inspirée que par des intérêts financiers particuliers ; c’est pour permettre à quelques Américains de disposer à leur guise du trésor haïtien et de satisfaire leur instinct de domination que l’occupation militaire d’Haïti a été faite et qu’elle est maintenue. Tout le reste est mensonge…»

Déjà, le médecin-député Raymond Cabèche, représentant de la ville des Gonaïves, croyait que l’occupation américaine de 1915 fut un protectorat imposé par le président Woodrow Wilson au peuple haytien. Ne lésinant pas sur les principes sacro-saints légués par le père fondateur de la Patrie, l’illustre et immortel parlementaire haytien dénonça les conséquences néfastes de cette humiliante intervention militaire : «…Mais je ne crois pas non plus que ce soit une chose honorable de sacrifier, contraint ou non, la dignité de sa patrie. De la sacrifier pour assurer quoi ? L’ordre dans la honte ; la prospérité dans les chaînes dorées ?

La prospérité, nous l’aurons, peut-être. Les chaînes, nous les aurons, sûrement ». En 2022, malheureusement, on y trouve des blancomanes ou des blancophiles (19), des minables et des traitres sollicitant de « l’Assemblée des Nations Malveillantes » (Dr Jean Fils-Aimé, 2022) « le déploiement immédiat d’une force spécialisée armée en Hayti pour stopper la crise humanitaire causée, entre autres, par l’insécurité des gangs et de leurs commanditaires. » Or, la crise humanitaire évoquée en Hayti remonte au séïsme dévastateur et meurtrier du 12 janvier 2010. Malgré les 11 milliards de dollars collectés, la reconstruction d’Hayti n’a jamais eu lieu.

À cela s’ajoutent des crises politiques interminables, l’insécurité alimentaire frappant nos portes depuis 2009, le deuxième séïsme de 2017 qui a ravagé le grand Sud, etc… Hayti, la mère-patrie, il est fort à parier, n’en doutons pas, depuis un certain temps, végète dans une pleine crise humanitaire.

Et la solution ne semble pas pour demain. Pour les États-Unis, la France, le Canada, les Nations-Unies et l’OEA face à cette crise humanitaire commanditée et planifiée par ces mêmes griffons-colonisateurs et occupants qui dirigent Hayti depuis l’Initiative d’Ottawa à travers le Core Group, la solution durable et idéale préconisée serait une nouvelle intervention armée. Le cas de dire et de croire qu’ils nous prennent toutes et tous pour des canards sauvages ?

Le diplomate américain Daniel Foote, apparemment un défenseur d’Hayti, dans sa lettre de démission à l’administration démocrate de Joe Biden et dans des tweet, divulgue sans langue de bois et exactement ce qui va arriver si Washington refuse de laisser aux Haytiens le soin de choisir leur propre destin : « Les failles [de la politique américaine en Haïti], dit-il, remontent déjà à l’époque où j’étais dans le pays, entre 2011 et 2012. C’est que nous n’avons jamais vraiment écouté le peuple haïtien, quand nous voulions résoudre des crises.

J’ai vu que nous avons fait la même chose dans la crise actuelle. Mais les Haïtiens sont clairs : ce n’est pas ce qu’ils veulent. Ils veulent choisir leur propre destin ». Et lorsque le tweet du Secrétaire d’État Américain Brian Nichols, un « token Black » nous a imposé le neurochirurgien Ariel Henry comme Premier Ministre, Daniel Foote a confirmé : « Mais l’ambassade en Haïti ne prend pas de décisions. C’est le secrétaire d’Etat et les gens proches de lui qui le font.

En général, on ne demande même pas l’opinion de l’ambassade. Je ne sais pas exactement si cela a changé au fil du temps, ni comment, mais je pense que depuis 2011, les USA ont travaillé de manière plus unie. Et on peut dire qu’ils ont soutenu le PHTK et ses deux présidents, et maintenant Ariel Henry.» M Foote a prédit comme un prophète a prédit ce qui arrivera au pays avec M Henry au pouvoir : « Et si la Communauté Internationale continue d’imposer Ariel Henry et son gouvernement farfelu, la situation va s’empirer ».

Aujourd’hui, nous sommes en pleine crise humanitaire et le pays « n’est ni administré, ni dirigé. » Monferrier Dorval, 2020) avant même, il est vrai, l’assassinat du président Jovenel Moïse. Et, voilà que l’Assemblée des nations malveillantes du Core-Group les États-Unis, la France et le Canada, en violation flagrante de la Constitution haytienne qui stipule en son article 139: « Il (le Président de la République) négocie et signe tous traités, conventions et accords internationaux et les soumet à la ratification de l’assemblée nationale ».

M. Ariel Henry n’a ni titre ni qualité pour engager la nation voire, sous peine d’être demain mis en accusation pour crime de haute trahison, le moment venu, faire une demande de déploiement militaires étrangers sur le sol sacré d’Hayti. A dire vrai, il faut le reconnaitre, le problème est d’ordre socio-économique, comme l’atteste l’ancien représentant de l’OEA en Hayti, Ricardo Seitenfus (2011). Car, « Quand le taux de chômage atteint 80%, il est insupportable de déployer une mission de stabilisation. Il n’y a rien à stabiliser et tout à bâtir ».

Contre les velléités de ces néo-colonisateurs assassins, pilleurs racistes et sans gêne, en quête des richesses naturelles de notre pays, nous exhortons nos amis du Conseil de Sécurité de l’O.N.U., notamment de la Russie et de la Chine à apposer leur veto sur cette demande d’intervention militaire multinationale émanant du sénile Henry et de ses pairs, des traitres à la mémoire de nos ancêtres. La problématique haytienne est d’ordre structurel étatique.

Nous pourrons la résoudre de par nous-mêmes si les États-Unis (3 interventions : 1915, 1994, 2004) et les Nations-Unis (10 missions entre 1993-2022) respectant nos droits à l’auto-détermination, arrêtent de s’immiscer dans nos affaires internes.

Edito#419, 14 octobre 2022  Numéro#419 (14 octobre 2022)

 

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