Numéro#416 (7 septembre 2022)

Le Novateur.-

Sans tambour ni trompette, le citoyen concerné Jean Baptiste Dorcé ne va pas par quatre chemins pour attaquer sauvagement le Ministre de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle Nesmy Manigat l’accusant d’avoir activement participé à la destruction de son pays et à la mort du système éducatif haytien. Sans ambages, il vocifère : « Cessez le massacre, Monsieur le Ministre ! Je ne cherche pas à savoir combien vous êtes payé pour participer aussi activement à la destruction de mon pays par la mise à mort de son système éducatif longtemps exsangue et moribond ».

Apparemment, M Dorcé est le guerrier le plus fort envoyé par les caïds du  réseau des écoles congrégationistes et évangéliques dont leur seul objectif vise l’appauvrissement des parents et à pérenniser l’école coloniale datant depuis le Concordat de 1860.  On entend par l’école coloniale (Dr Jean Fils-Aimé, 2021) « une école qui ne nous fournit point les outils pour influer notre environnement et pour en faire un endroit où il fait bon vivre pour tous et pour toutes, qui ne nous apprend pas le vivre-ensemble, à aimer notre pays, ni à développer le patriotisme…L’objectif premier de l’école coloniale est de faire de nous des français ou des belges à peau noire…Elle ne construit pas en nous une conscience identitaire noire. Cette école fait de nous des noirs honteux… »

On a opté depuis 2004 pour la déconstruction de cette école coloniale. Une  école « qui nous a désappris à être Haytiens » (Dr Louis Joseph Janvier, 1927)  et « qui produit des expatriés et des chômeurs » (Dr Hubert De Ronceray, 1982). Certains de nos ministres ont compris qu’ils pouvaient faire du neuf avec du vieux. Le ministre J. C Bernard (1979) a tenté une réforme accordant pour la première fois le créole au statut de langue d’enseignement et de langue enseignée et aux côtés du français langue seconde ; malheureusement, mise en veilleuse en 1987.

La Conférence mondiale sur l’éducation, tenue à Jomtien (Thaïlande) en 1990 adopte une résolution pour faire notamment de l’« éducation primaire universelle » une réalité pour l’an 2000. Hayti, pays signataire dudit document, les autorités haïtiennes sur l’administration de René Préval ont élaboré le Plan National d’Education et de Formation (PNEF, 1997) qui a préconisé « une éducation haïtienne de qualité accessible à tous les citoyens… » dont l’objectif est de « garantir six (6) années de scolarisation complète à tous les enfants du groupe d’âge 6-11 ans ».

Président Préval, sur la période 2010-2015, élabore un Plan opérationnel dont l’objectif fondamental visait la refondation du système éducatif haïtien. Ce plan devait spécifiquement apporter un support à l’accès à une éducation fondamentale de qualité, dans des espaces scolaires sûrs et sécuritaires accessible à tous les enfants d’âge scolaire, à court et moyen termes.

Joseph Michel Martelly lance le Programme de scolarisation universelle gratuite et obligatoire (PSUGO), financé exclusivement par les Fonds de l’Éducation Nationale visant l’abolition des frais scolaires, en vue de faciliter la fréquentation et la persévérance scolaires programme.

Et in fine, le Plan Décennal d’Education et de Formation (PDEF) allant de 2020 à 2030 avec le président Jovenel Moise est un document stratégique de politique éducative permettant « à tous les enfants en dehors du système éducatif d’avoir accès à l’école, d’améliorer la qualité des apprentissages à tous les niveaux et l’efficacité interne et externe du système éducatif haïtien », répondant à la déclaration d’Incheon de 2015 en Corée du Sud signée par le ministre Nesmy Manigat.

Plans et réformes qui n’ont  jusqu’ici abouti à rien de concret. Ce dont, la mère-patrie en a grand besoin, c’est finalement mettre fin à cette « école française transplantée en Hayti » (Dr Jean Fils-Aimé, 2020) en fondant l’école haytienne. Et cela requiert toute une pléthore de citoyennes et de citoyens patriotes, honnêtes, avec des compétences avérées pour « revoir globalement le cursus de l’éducation nationale, aux niveaux primaire, secondaire et universitaire pour s’adapter aux besoins du développement du pays…sans se démarquer de nos spécificités historiques et culturelles ». (Dr Jean Fils-Aimé, 2020)

Entretemps, le ministre Nesmy Manigat continue avec l’application de la signature élargie d’un Pacte national pour une éducation de qualité. Le « Livre unique en créole » est un projet crucial pour les enfants et surtout les parents victimes de l’appauvrissement par les écoles congrégationistes et évangéliques exigeant toute une kyrielle de livres lesquels ne sont pas vraiment utilisés en classe.  

Selon M. Manigat, le livre de base unique de 1e et 2e AF comporte 5 matières obligatoires, telles que : le créole, le français, les mathématiques, les sciences sociales et les sciences expérimentales. Ce livre unique est écrit en créole, à l’exception du français contient aussi des cahiers d’exercices qui vont permettre aux instituteurs (trices) d’utiliser leur créativité pour engager les enfants dans des activités artistiques, culturelles et scientifiques tout au long de l’apprentissage. Quoi de mauvais dans ça ?

« La langue créole est désormais reconnue comme langue d’enseignement dans le système éducatif haïtien du préscolaire jusqu’au nouveau secondaire quatre », annonce le ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle, Nesmy Manigat, ce 25 août 2022. Une telle décision devrait faire l’unanimité au sein du secteur éducatif parce que toutes les études scientifiques (occidentales) démontrent que l’enfant apprend mieux dans sa langue maternelle « toutes les matières enseignées à l’école, y compris les langues étrangères », souligne Michel DeGraff, linguiste et professeur à l’Institute of Technology (MIT) de Massachusetts.

Il y a tout un plaidoyer pour que le créole soit la langue d’enseignement  dans les écoles haytiennes. « À partir de l’occupation américaine [de 1915] lit-on dans le texte du linguiste Robert Berrouët-Oriol intitulé « Le créole et le français dans l’École haïtienne : faut-il aménager une seule langue officielle en faisant l’impasse sur l’autre ? » (…) on commença à réclamer l’utilisation du créole dans une vaste campagne d’alphabétisation du peuple. Que l’on puisse également produire des œuvres littéraires sérieuses et des études scientifiques en créole semblait prématuré [sic] ».

Il est vrai qu’une Académie créole fut fondée en 1947, sous la présidence de Charles-Fernand Pressoir et la vice-présidence de Jean Price-Mars, poursuit M Berrouët-Oriol. Son but, ajoute-t-il, était « de promouvoir le développement de la langue créole et de la culture populaire nationale ».

Là où on a un différend avec le ministre Manigat c’est sur l’enlèvement des classes fondamentales (7e, 8e, 9e) dans les lycées pour les placer au sein des écoles fondamentales dont la majorité n’ont aucune structure de base. En plus, aucune salle de classe n’ait été ajoutée et cela va contribuer à un vaste brouhaha où la majorité des élèves resteront chez eux et d’autres vont grossir les comptes bancaires des écoles privées. Quel crime odieux contre ses enfants dont leurs parents n’ont pas les moyens pour payer le privé !

Les attaques enflammées contre le ministre Manigat sont injustes et manipulatrices. Et l’accusant de détruire Hayti et la mise à mort du système éducatif serait de la pure démagogie. Les défenseurs du statu quo montent au créneau pour pérenniser cette école coloniale laquelle ne vise jamais à la scolarisation de toutes et de tous mais à la formation d’une petite élite pour remplacer les bourreaux des FIC. Le docteur en Sciences de l’Éducation Jacques Abraham (2018) atteste que : « Le système scolaire haytien semble engendrer des inégalités de bien-être à l’école qui déstabilisent, désorientent et divisent les élèves ». Le docteur Abraham plaide pour la reconnexion des élèves à leur bienveillance innée.

Cette école exogène, devenue une industrie commerciale, contient encore des doués, des surdoués et des génies et ils sont partout. Les examens officiels de la 9e AF et du Nouveau Secondaire-4 avec nos lauréats à travers les dix départements en sont la preuve. Des écoliers, forts souvent des paysans qui grimpent des mornes, traversent des rivières et marchent des kilomètres à pied quotidiennement et qui passent plus de six heures de temps à l’école sans manger, sans eau potable et sans toilette terminent leurs études classiques tant bien que mal. PDEF, 2020 rappelle que : « la majorité de nos écoles nationales n’ont ni laboratoire informatique ni bibliothèque. Environ 50% d’entre elles n’ont ni bloc sanitaire, ni point d’eau potable ».

Ces élèves qui étudient dans une langue seconde que mêmes les soit-disants enseignants ne maitrisent pas et qu’ils n’ont pas d’accès à des manuels scolaires ou des matériels didactiques. D’autres qui en ont accès à des livres perçoivent qu’ils sont inadaptés au vécu haytien. Au lycée, les enseignants qui sont d’anciens lycéens ne retournent pas l’ascenseur – généralement, ils ne dispensent pas les cours. Tant bien que mal, plus de 70% finissent leur cycle scolaire et fréquentent l’université alors que les conditions ne sont pas réunies pour qu’ils terminent leur cycle primaire. Malgré toutes nos turpitudes, on n’est pas si mal. Regardons les trois grands pays ennemis d’Hayti sans faire de comparaison.

France, 7e économie du monde, a un système éducatif en crise. Le ministre de l’Education Nationale français, Pap Ndiaye souhaite « une école engagée pour l’excellence et la maitrise des savoirs fondamentaux. Par savoirs fondamentaux, il faut entendre la lecture, l’écriture et les maths. De nombreuses études récentes montrent que les élèves français ne maitrisent pas leur propre langue». Et Eric Zemmour, le candidat Reconquête à la présidentielle française, a lancé une phrase qui a retenu l’attention : « Aujourd’hui il y a 30 à 40% des enfants qui arrivent en sixième sans savoir bien lire. »

Au Canada, « 27% des diplômés universitaires ont des difficultés en lecture et peuvent même être considérés comme analphabètes fonctionnels, 63% des diplômés au niveau secondaire et 40% au niveau collégial », selon les chiffres de l’Institut de la Statistique du Québec, rapporte le journaldequebec.com.

Quant aux États-Unis, dans un rapport intitulé « A Nation at risk » publié en 1983 par l’administration Reagan décrivait comment le système éducatif américain ne parvenait pas à bien éduquer les élèves. Entre autres, il recommandait que les écoles deviennent plus rigoureuses, qu’elles adoptent de nouvelles normes et que la préparation et la rémunération des enseignants soient évaluées.

Depuis dans le Programme international pour le suivi des acquis des élèves, souvent désigné par l’acronyme Pisa, un ensemble d’études menées par l’Organisation de coopération et de développement économiques visant à mesurer les performances des systèmes éducatifs des pays membres et non membres, les Etats-Unis obtiennent de très mauvaises notes pour les mathématiques et la science.

Selon www.investirsorcier.com« En 2020, les trois premiers systèmes éducatifs du monde étaient la Finlande, le Danemark et la Corée du Sud. Ce classement est basé sur les niveaux de développement, notamment la scolarisation de la petite enfance, les résultats aux tests de mathématiques, de lecture et de sciences dans le primaire et le secondaire, les taux d’achèvement, les diplômes de l’enseignement secondaire et supérieur et les taux d’alphabétisation des adultes ». Et la Finlande possède l’un des systèmes d’éducation les plus avancés et les plus progressifs du monde, qui surpasse les États-Unis en lecture, en sciences et en mathématiques. Tout cela prouve qu’il y a de l’espoir pour notre pays.

En attendant la fondation de notre système éducatif, ministre de l’éducation de facto ou pas, malgré qu’on sait qu’on ne peut pas faire du neuf avec du vieux, on conseille cependant à M Manigat de poursuivre son travail malgré vents et marrées.

·         Qu’on encadre les enseignants et leur offre une formation continue (déclaration d’Incheon, 2015) ;

·         Qu’on valorise le métier d’enseignement ; le métier le plus noble du monde ;

·         Qu’on débute l’enseignant avec un salaire de base de 500.000 gourdes annuellement ;

·         Qu’on offre des incitations aux jeunes femmes pour qu’elles deviennent des enseignantes surtout au niveau primaire ou les enfants ont un grand besoin de soutien maternel ;

·         Qu’on construise des écoles publiques de proximité sur toute l’étendue du territoire. Qu’elles soient dotées d’une nursery, d’une médiathèque, d’une cafétéria et d’un auditorium ;

·         Qu’on enseigne la culture et la spiritualité ancestrales dès le préscolaire.

Monsieur le ministre, des dégâts incommensurables se font au niveau de la maternelle dont la base c’est de la socialisation, l’auto-découverte, l’auto-évaluation et l’auto-constructivisme. Sans supervision scolaire, le moteur de tout système éducatif, l’école meurt. Le Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) devra être strict sur les fatras coloniaux qui sont enseignés dans les classes maternelles. Partout, les rudiments scolaires sont enseignés au niveau de la première année mais ce sont plutôt des bourrages de crâne axés sur la culture occidentale qui se font au préscolaire.

En plus, des livres dangereux sont en circulation dans les écoles haytiennes rapporte Rebecca Bruny (2021) déclarant que : « Des professeurs continuent d’utiliser aussi d’anciens livres, dépassés par le temps et au contenu parfois raciste ». Le directeur de la Direction du Curriculum et de la Qualité Aky Alix Nicolas informe « qu’un livre évalué n’est pas nécessairement homologué ».

Le docteur en Sciences de l’Éducation Jacques-Michel Gourgues déclare à AyiboPost que : « le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle n’exerce aucun contrôle réel au niveau du contenu des livres ». Pour lui, « certains manuels scolaires sont un prolongement de la colonisation ». Chaque directeur d’école privée est libre de faire choix des livres qu’il  juge utile pour son école sans l’aval des directeurs départementaux qui pourraient avoir une liste des livres approuvée par le MENFP. En conséquence, Hayti instruit des antipatriotes, des blancomanes et des expatriés parce que cette école coloniale s’accentue sur l’histoire, la culture et la langue des occidentaux.

Comment accepter sans rougir que d’autres pays à travers leurs écoles et leurs cursus scolaire respectifs instruisent nos enfants haytiens et décernent des diplômes sans l’aval du MENFP ? Comme un pays délibérément appauvri par nos pays tuteurs, l’ennemi pourrait toujours faire don de quelques écoles à la République mais elles doivent être des écoles haytiennes sur l’obédience du MENFP. Fermez-les.

Monsieur le Ministre, il faut concurrencer les écoles privées qui représentent 92% du système scolaire dit haytien. Le Rwanda était pire que le nôtre et en douze ans, le président Paul Kagame a tout inversé au profit des écoles majoritairement publiques. Arrêtez de gaspiller les maigres ressources de l’État dans des institutions privées ! Elles gagnent annuellement plus de 450 milliards de gourdes dans cette industrie scolaire, lit-on, dans un article que vous avez publié vous-mêmes aux colonnes du quotidien Le Nouvelliste en 2015, monsieur le ministre. On les donne le cursus scolaire, le droit de participer aux examens officiels et on valide les diplômes du Bac. 

Kagame a fait construit des écoles publiques de proximité dans les parages des enfants, éliminer les frais de scolarité, doter les écoles d’une cafétéria, doubler le salaire des enseignants tout en les offrant une formation continue. Devenue une école de qualité, ce sont les parents eux-mêmes qui ont jugé nécessaires d’inscrire leurs enfants dans les écoles publiques rwandaises.

La vocifération buccale de M Jean Baptiste Dorcé est à prendre au sérieux et les ennemis sont multiples et partout. En fait, ils pourraient être tout prêts de vous au sein du ministère. L’informatisation du système scolaire a aussi réduit la corruption généralisée de la vente des diplômes de Baccalauréat. Il est grand temps que vous opérez peut-être une permutation régionale chaque deux ans dans le Bureau National des Examens d’État (Bunexe) pour éviter que les examens officiels soient vendus et que les notes finales des élèves soient gonflées au profit de certaines écoles.

M Dorcé est le porte-parole du réseau des écoles hostile à toute réforme. Soyez précautionneux car les ennemis du pays sont puissants. Hayti, la mère-patrie, sait qu’il ment congénitalement lorsqu’il vous accuse à la participation active de la destruction de son pays par la mise à mort du système éducatif lequel reconnait-il dans la même phrase est « longtemps exsangue et moribond ».

On tient mordicus à la fondation de l’école haytienne Monsieur le Ministre, parce qu’on croit indéniablement qu’on ne pourrait pas faire du neuf avec du vieux. En attendant qu’une équipe d’hommes et de femmes arrivent pour révolutionner ledit système, on vous encourage avec l’application politique officielle du MENFP prise au cours des trente dernières années.

Vous avez bien dit M Manigat que : « « Depuis 1987, la Constitution du pays stipule qu’Hayti a deux langues officielles. Aujourd’hui, la musique le dit clairement : « Lakou a pou nou de » ».

Le ministre ajoute : « Sur la séparation de l’école fondamentale obligatoire de 9 ans avec l’école secondaire de 4 ans, ça date de plus de dix ans. On commence avec son implémentation graduellement depuis 2014 là où il y en a assez d’écoles fondamentales. Le lycée Tertullien Guilbaud de Port-de-Paix reçoit les inscriptions pour la 7e AF. Le document Groupe de Travail sur l’Education et la Formation (GTEF) 2010, explique toutes les mesures qui se trouvent dans le Plan Opérationnel 2010-2015 ».

On persiste et signe qu’il n’y a eu aucune préparation adéquate pour continuer avec l’application de l’Action 1 parce qu’après votre départ dudit ministère, les deux ministres qui vous ont succédé ont malhonnêtement mis en veilleuse tous vos acquis et avancées du Plan Opérationnel ou du Pacte National sur l’Education en Hayti. En fait, monsieur le nul Agénor Cadet est venu avec un Plan Décennal d’Education et de Formation (PDEF, 2020-2030). Pourquoi un tel empressement ? Tout en reconnaissant que l’article 1 devrait être opérationnel depuis la rentrée scolaire de 2012.

Toutefois monsieur le ministre, vous êtes le signataire de la déclaration d’Incheon de 2015 en Corée du Sud sur les auspices du Forum Mondial sur l’Éducation et tous les ministres se sont engagés à «  « offrir une éducation inclusive et de qualité à tous les niveaux : maternelle, primaire, secondaire, tertiaire, ainsi que dans la formation technique et professionnelle », et ils ont mis l’accent sur le fait que tout le monde « devrait avoir accès à des possibilités d’apprentissage tout au long de sa vie » ».

Et « nous assurerons 12 années d’enseignement primaire et secondaire de qualité, gratuit et équitable, financé sur fonds publics, dont au moins 9 années obligatoires, débouchant sur des acquis pertinents. Nous encourageons également la mise en place d’au moins une année d’enseignement pré-primaire de qualité, gratuit et obligatoire, et recommandons que tous les enfants aient accès à des services de développement, d’éducation et de protection de la petite enfance de qualité ».

 Le cycle scolaire dit haytien est toujours de 13 ans mon ami-frère. Qui vous empêche de prendre cette décision administrative réduisant le fondamental à 8 ou 9 ans et le secondaire à 3 ou 4 ans. Selon le ministre de l’Instruction Publique Honoré Fery (1844), « Le but des écoles primaires était d’alphabétiser le peuple », car pour lui savoir lire, écrire et calculer étaient de connaissances de base indispensable pour la prospérité du pays. L’enfant haytien peut-il apprendre à maitriser les savoirs fondamentaux en quatre ans (6-10 ans) d’école primaire avec le créole comme langue d’enseignement tout en l’exposant à une culture plurilingue ?

Fery croyait que les écoles secondaires (centres de métier) devraient servir à « augmenter le baggage intellectuel du primaire pour se préparer à l’apprentissage des métiers individuels et manuels ». L’apprenant haytien peut-il apprendre un métier en deux ans (11-13 ans) ?

Le ministre Fery disait que « le but des lycées était de préparer les élèves pour accéder aux études supérieures pour apprendre le droit, la médecine, le génie, etc. ». L’écolier haytien peut-il terminer ses études classiques en deux ans (14-16 ans) ? Une invitation à la réflexion monsieur le ministre et l’Haytien pourrait être adulte à compter de 16 ans (Nécessité d’une législation avec l’aval du peuple haytien).

Monsieur le ministre, la loi du 13 mars 2012 en son article 32, lit ce qui suit : « l’accès à l’éducation est garanti á toutes les personnes handicapées. L’exclusion du système éducatif fondé sur le handicap est formellement interdite » et prévoit aussi la construction d’une salle de classe pour recevoir les enfants à besoins spéciaux. À date, aucune salle de classe construite pour recevoir ces enfants qui sont ni identifiés ni catégorisés dans cette école coloniale. Justice pour ces enfants qui méritent aussi de recevoir gratuitement le pain de l’instruction.

On n’a pas tout dit mais on a dit l’essentiel mon ami-frère mais je veux conclure avec ces deux citations de Lao Tseu « Les mauvais souverains laissent le peuple dans l’ignorance pour mieux le gouverner » et Conficius «  Apprendre sans réfléchir est peine perdue et réfléchir sans apprendre est dangereux »

Francisque Jean-Charles, Le Novateur#416, 7 septembre 2022

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


The reCAPTCHA verification period has expired. Please reload the page.