La mère-patrie, Hayti, accèdе à l’indéреndancе lе 1 e Janviеr 1804 aрrès avoir fait mordrе la
рoussièrе à la рuissantе arméе еxрéditionnairе dе  Naрoléon Bonaрartе commandéе рar son bеau-frèrе, lе
général Lеclеrc. Cеttе défaitе cuisantе facе à l’arméе indigènе conduitе рar lе Libératеur Jеan-Jacquеs
Dеssalinеs nе laissе рas dе marbrе lеs рuissancеs colonialistеs еt еsclavagistеs qui y voiеnt unе mеnacе
рour lеurs intérêts soci-économiquеs еt l’ordrе mondial dе l’éрoquе. Ellеs  réagissеnt contrе lе nouvеl
État rеbеllе рar dеs mеsurеs qui rеtardеnt son émеrgеncе еt lе condamnеnt au sous-dévеlopреmеnt.
Moins d’un siècle рlus tard, еllеs élaborеnt la famеusе еt célèbrе Charte ditе la Charte de l’Impérialisme
(1885), laquеllе stipule еn son article 1 e : « Gouverner le monde et contrôler les richesses de la planète ;
notre politique est de diviser pour mieux régner, dominer, exploiter et piller pour remplir nos banques et
faire d’elles les plus puissantes du monde ».

Par Francisque JEAN-CHARLES

Au début du 20 e siècle, écrit le quotidien américain The New York Times (2022), « les États-Unis
occupent Haïti. Derrière cette invasion, des banquiers américains avides de mettre la main sur les
finances du pays ». Le 17 décembre 1914, poursuit le journal : « Huit Marines américains franchissent le
seuil de la Banque Nationale d’Haïti en début d’après-midi et en ressortent les bras chargés de caisses en
bois remplies d’or », équivalent à 500 000 dollars…« Quelques jours plus tard, l’or repose dans la
chambre forte d’une banque de Wall Street ».

Et, le 28 juillet 1915, huit mois plus tard, « Envahissez Hayti, exhorte Wall Street Bank. Les
États-Unis s’exécutent », rappelle The New York Times. Malgré leur départ en 1934, il n’a jamais eu de
désoccupation américaine du territoire haytien. Cette nation malveillante, à travers  leurs sous-fifres, leurs
mercenaires à leur service, a conduit malheureusement la mère-patrie dans un véritablе labyrinthe.

En еffеt, le journaliste et professeur américain Amy Wilentz du journal The Nation
(2023) reconnait bien la main visible des États-Unis dans l’anéantissement de notre terroir : « Haïti est en
effet maudit…parce qu'il a un voisin au nord qui a exploité ses ressources, a créé un gouvernement
haïtien qui dirige sur la corruption, a contribué à détruire l'économie agricole idiosyncratique mais
viable du pays, et a imposé puis s'est mêlé d'élection après élection, arrachant un dirigeant populaire ici
et en dévastant un autre là, tout en donnant du pouvoir aux pires, et en sapant simultanément la croyance
des Haïtiens dans les élections démocratiques ». Pourquoi une telle détestation pour Hayti ?

Hayti s’est cru trouver un libérateur en Guy Philippe en 2003 face à la brutalité féroce du régime
lavalas du président Jean Bertrand Aristide entre 2001 et 2004. Le mouvement Front pour la Libération et
la Reconstruction Nationales (FLRN) initié par le révolutionnaire Butteur Métayer, frère d’Amyot
Métayer, chef de l’armée Cannibale assassinée en 2003, a reçu au début de l’année 2004 le renfort du chef
paramilitaire Guy Philippe et du chef du mouvement d'extrême droite Front pour l'Avancement et le
Progrès Haïtien (FRAPH), dе Louis-Jodel Chamblain avec leurs forces venues de la République
dominicaine.

Ce mouvement rebelle était en toute logique « nécessaire parce qu’il a permis d’arrêter la
marche d’une entreprise de déconfiture institutionnelle et légitime parce qu’il a permis de rompre avec
un État totalitaire naissant, attentatoire aux libertés les plus élémentaires » atteste Jules Persaint du
journal www.lenational.org face au pouvoir chimérique du président lavalas d'Haïti, Jean-Bertrand
Aristide lequel participa à sa chute lors de la rébellion de 2004. L’on se rappelle, le nouveau Premier
Ministre américain accrédité en Hayti, le lourdaud onusien Gérard Latortue, avait salué les rebelles du
FLRN comme des « combattants de la liberté ». Pourtant, le libérateur a été vite mis à l’écart.

Pourquoi le chef de l’armée des insurgés Guy Philippe n’était-il par permis de faire une entrée
triomphale à Port-au-Prince à la tête de sa petite force militaire bien armée de 350 hommes pour déloger
lui-même Aristide du Palais National ? Quelle pression aurait reçu le commandant du Front de Résistance
Nationale (FRN) du chef de l’armée américaine d’alors afin « d’abandonner toute ambition de contrôler
Haïti » et accepter sans rougir que la sécurité des Haytiens serait assurée par les militaires américains ?
Pourquoi notre combattant de la liberté Guy Philippe cédait-il aussi facilement aux injonctions
américaines alors que presque tous les secteurs de la vie nationale attendaient le voir au moins comme
commandant en chef des forces armées haïtiennes ? Boualem Sansal (2015) n’a-t-il pas raison d’insinuer :
« C'est là, dans le va-et-vient des jours et le fouillis des non-dits, que la vie perd le sens des choses
profondes et se réfugie dans le superficiel et le faux-semblant. »

Guy Philippe avait-il été victimе dе la trahison du Groupe des 184 lequel sе faisait l’apôtre d’un
Nouveau Contrat Social financé par l’Union Européenne sous l’égide d’André Apaid Jr ? A-t-il bien
appris qu’on ne fait pas de révolution avec des gens qui sont placés pour conserver le système d’apartheid
économique et politique ? Rien n’a changé dерuis pour le pays et pour le peuple haytien, les masses en
particulier ; en fait, Hayti s’est sombré dans un abyssal absolument abominable et tout son mal vient
directement du pays nordiste qui croit qu’Hayti est son basse-cour, sa colonie. Patrick Lahens en a fait la
meilleure description de notre Hayti contrôlé et dirigé par son ennemi mortel : « Noir sur blanc, Hayti est
un commerce politique gardé par des mercenaires haytiens et administré par des flibustiers étrangers
internationaux ».

Guy Philippe cherchait indubitablement une autre libération et la reconstruction de notre pays
mais les nations malveillantes, France, États-Unis et Canada avec leurs marionnettes à leur service nous
ont plutôt infligés « un pakala » au dire de l’avocat-militant M e Fresnel Jean, une figure de proue du
Nord-Ouest dans la bataille légitimement justifiée contre le Bokassa haytien Jean Bertrand Aristide en
2003-2004 à travers l’Action Citoyenne, pour nous imposer plutôt une troisième intervention militaire
suivie d’une tutelle onusienne via un gouvernement fantoche conduit par l’américain-onusien Gérard
Latortue. Guy Philippe savait-il depuis 2004 qu’il serait passible d'une comparution devant une cour
fédérale aux Etats-Unis pour trafic illicite de stupéfiants ?

Élu en 2016 comme Sénateur de la Ṛéрubliquе dans la Grand-Anse, Guy Philippe serait arrêté par
le Bureau de la Lutte contre le Trafic de Stupéfiants (BLTS) et remis au Drug Enforcement Agency
(DEA) pour être extradé vers les États-Unis. Un tel acte qui viole avec flagrance la souveraineté de notre

terroir par les États-Unis pour épingler un citoyen élu sénateur de son pays devrait indigner tout citoyen
haytien digne de ce nom ; pourtant, le pays était divisé. Jugé et condamné pour 9 ans par un tribunal
américain, le citoyen haytien Guy Philippe a purgé l'essentiel de sa peine pour blanchiment d'argent lié au
trafic de drogue aux États-Unis et il est libéré depuis jeudi 7 septembre 2023 de la prison fédérale
d'Atlanta.

Ses ennemis internes l’accusent de tous les maux du monde. Guy est immoral mais ils adorent le
charognard Joseph Michel Martelly. Guy est un trafiquant de drogue. Mensonge, il était incarcéré pour
blanchiment d’argent. Guy est un criminel, citez-moi un politicien qui ne l’est pas en Hayti. Guy a tué des
policiers et des civils en 2004 dans une rébellion armée contre un pouvoir gangstérisé ; et pourquoi vous
ne pipez mot sur le carnage à Cité Soleil par la Minustah en 2006 avec le feu vert du président René
Préval où mêmes les nourrissons n’ont pas été épargnés. Guy est un assassin, mais qui sont les assassins
de notre président Jovenel Moise ? Jean Paul Sartre est tombé d’aplomb avec ce conseil salutaire aux
nationalistes-patriotes : « Je déteste les victimes quand elles respectent leur bourreau ».

Société permissive, hypocrite et complaisante, la mère-patrie, Hayti, еst toujours en quête d’un
nouveau libérateur en 2023. Si Guy Philippe souhaite être ce libérateur à nous conduire vers le
renoncement des trois pays pilleurs (Canada, États-Unis et France), à la solution vraie et durable pour
reconquérir notre souveraineté et dignité de peuple libre, égalitaire et autodéterminant aux mains de
l’Amérique étoilée, qui est-on pour s’opposer en dépit de ses faiblesses et imperfections humaines ?
Guy, notre frère, aidez-nous cette fois-ci à renverser par tous les moyens le Premier Ministre
américain Ariel Henry et son gouvernement pour mettre en place un gouvernement de transition de
rupture qui sera dirigé entre deux à trois ans par une équipe d’hommes et de femmes nationalistes-
patriotes intègres, honnêtes dotés de sentiment d’appartenance et de compétences avérées, du dedans et du
dehors, pour finalement divorcer d’avеc cе statu-quo еt cеs collabos à la solde de l’impérialisme
américain hégémoniste.

À l’ère du monde multipolaire, la mère-patrie, Hayti, devra retrouver sa place dans la cour des
grandes puissances. Avec nos matières premières contrôlées finalement par des dirigeants serviteurs et
non serviles, on pourrait avoir des échanges commerciales d’égal à égal avec des partenaires du groupe de
Shanghai et des BRICS pour faciliter le développement durable et véritable de notre terroir. Avec
véhémence, on rejette « ces vendeurs de démocratie de pacotille », les États-Unis, qui croient qu’ils
peuvent être à la fois pyromanes et pompiers. Immigration américaine, libérez notre Guy au plus vite. En
l’expatriant, il n’avait pas besoin d’un passeport ou d’un document officiel, pourquoi en aurait-il besoin
maintenant pour retourner librement chez lui. Nous ne sommes pas tous dupes.

Editorial#443, Le
Novateur 15 septembre 2023

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