Dans la Réflexion Loufoque#14 postée sur son mur, il a écrit : « Hayti pourrait être un grand pays demain si nous le voulons tous. Le jour où nous nous aimerons et nous nous respecterons, quelle que soit notre religion, notre pigmentation cutanée ou notre idéologie politique, Hayti deviendra un grand pays. Le frère virtuel Joseph Vivens Day répond par ces mots : « FJC, nous n’avons même pas besoin de nous aimer, mais de nous respecter et d’accepter de ne pas être en désaccord sans nous faire l’ennemi d’avoir des opinions différentes. Embrasser notre diversité sans préjugés. Nous avons gagné la moitié de la bataille. » Pourrait-elle être aussi simple et facile d’aimer la mère-patrie, Hayti ?

               Combien de nous, filles et fils de la République nègre du nouveau monde, connaissons historiquement Hayti, la mère de toutes les terres, et mystiquement, le haut lieu sacré ? Un nombre très insignifiant, premièrement à cause de son occultation, et deuxièmement parce qu’elle n’est pas enseignée ni par voie d’oralité, ni à l’école. Feu le docteur africain Cheikh Anta Diop nous rappelle que : « Quiconque tient l’histoire d’un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d’un peuple le contraint à vivre sous le joug de l’esclavage ». Comment un peuple qui ignore son histoire et victime du spiritualicide peut-il demander d’aimer son pays ? Comment l’Haytien qui, victime à la fois de l’épistémicide, de l’ethnocide et du menticide pendant quatre cent années, peut-il prétendre aimer la mère-patrie ? N’est-ce pas pourquoi Hayti est vu comme un espace de transit pour bon nombre de nos compatriotes qui croient éperdument et avec raison que l’unique voie pour devenir « moun » c’est d’aller vivre sur des cieux plus cléments ?

               Quelqu’un qui ment sur son pays, l’aime-t-il vraiment ? Quelqu’un qui vole son pays, l’aime-t-il vraiment ? Si vous commettez des atrocités, des crimes de sang contre vos compatriotes, aimez-vous votre terre natale ? Si vous complotez  avec l’étranger au détriment de votre terroir, êtes-vous un patriote ? Toute réplique négative aux questionnements suscités devrait vous aider à comprendre que vous êtes un scélérat, un haytianophobe, un traitre à la mémoire de vos ancêtres et du fait, un ennemi mortel de la terre de Papa Dessalines. Pis est, serait-il étonnant de croire et d’accepter que le plus souvent ce sont les haineux de cette première République nègre, qui arrivent au timon des affaires ? « Quand dans un pays les institutions sont détruites, nous dit Anténor Firmin, il ne reste que la conscience des hommes pour décider du sort de la patrie ».

               Pourquoi quand  on accède au pouvoir en Hayti, présidents et parlementaires haytiens refusent-ils toujours de se comporter comme des serviteurs de leurs mandants ? Pourquoi sont-ils toujours prêts à faire violence sur leurs compatriotes pour consolider leur pouvoir qui est toujours éphémère ? Pourquoi les politiciens sont-ils obligés de mentir au grand public ? Or, nous rappelle John Locke « Le gouvernement existe que pour être au service des dirigés ». Arrêtons-nous d’aimer Hayti, la mère-patrie, dès notre ascension au pouvoir ? Un sage disait que : « À œil pour œil et dent pour dent, nous finirons toujours borgnes et édentés ».

               La démocratie occidentale imposée avec le président américain James Earl Carter en 1986 n’est autre qu’une anocratie que la mère-patrie est en train d’expérimenter, à savoir, un régime politique qui n’est ni pleinement démocratique ni pleinement autocratique. C’est l’instabilité politique qui domine. Est-ce cette anocratie qui a dénaturé le bon peuple haytien et le porter à ne plus aimer son pays, à détester ses frères et soi-même ? L’autre n’a-t-il pas eu raison de dire que : « Sans la connaissance de l’histoire, de ses ancêtres, on ne peut être qu’un étranger à soi-même. On ne peut que patauger dans le déni de la haine de soi, dans la haine de ses semblables et de son peuple ».

               Pour Gustave Lebon: « L’anarchie est partout quand  la responsabilité n’est nulle part ». Grosso modo, la mère-patrie est un État effondré. Impunité arrogante. Corruption généralisée. Recrudescence de la violence d’État. Débâcle économique croissante. Inflation galopante. Zone de désastre écologique et sanitaire. Entité chaotique ingouvernable. Toutes ces anomalies parce que nos dirigeants n’ont aucun sentiment d’appartenance. Le panafricanisme Kemi Seba pense que : « Notre peuple subit un génocide politique, culturel, économique et physique depuis des siècles…» Alors, l’insurrection générale est plus que légitime. Presque tout le pays exige le départ anticipé du président Jovenel Moise, lequel riposte qu’il a un mandat de cinq ans. A cet entêtement du chef de l’État, le journaliste Clarence Renois de Unir rappelle que « Même Jean Claude Duvalier, un dictateur, traversé par un moment de raison  en 1986 a reconnu qu’il fallait éviter un bain de sang au pays ». De même, le président américain Richard Nixon abandonna la présidence américaine en 1972 en déclarant que : « Quitter ma fonction avec terme est contraire à tous les instincts de mon corps. Mais en tant que Président je dois mettre l’intérêt du pays en premier…Le président a besoin d’un pays à plein temps et un congrès à plein temps ».

               Peut-on déduire que le problème d’Hayti est l’absence d’amour entre et parmi nous, entre frères et sœurs haytiens et pour le pays ? Serge H. Moise comprend fort bien cette haine viscérale et virulente à l’endroit de soi-même, des siens et de son pays. Il croit que : « Si nos frères à ce point complexés se découvrant tous des acculturés feront la quête de notre identité  afin de trouver leur haïtianité. Ce que je sais. Envers et contre tous les konzés cette grande chaine de solidarité verra le jour entre frères et sœurs pour une nation fière et prospère… » Jovenel Moise, si vous aimez Hayti et vos semblables, partez ! Messieurs et dames les Parlementaires, démissionnez en bloc pour le bien-être d’Hayti. Périsse la République pourvu que je reste au pouvoir, jure le president contrairement au savant Leslie F. Manigat qui nous rappelle que « Le pouvoir est une responsabilité et non une jouissance ». J’aime mon pays! Et vous, M. le Président ? F. Jean-Charles

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